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Accessibilité numérique d’une application mobile ou web : Définition, enjeux et bonnes pratiques

4.Juil.23

Nous sommes plus connectés que jamais : nous étions presque 5 milliards en 2022 à posséder une connexion internet, soit 62,5% de la population mondiale. Ces chiffres particulièrement impressionnants cachent pourtant de grandes inégalités.

Car, comment font les personnes en situation de handicaps visuel, auditif, moteur, psychique, mental ou cognitif, quand une très grande proportion des sites de service publics, de e-commerce, d’actualités ou des contenus digitaux disponibles en ligne de manière générale ne leur sont pas accessibles ?

Imaginez que vous ne puissiez pas faire vos courses en ligne, chatter avec vos amis, suivre une web conférence ou une formation à distance, piloter votre compte en banque sur votre smartphone…

Oui, vous l’avez compris, la marge de progression est grande en matière d’accessibilité numérique et, plus généralement, de design inclusif. Et c’est une bonne raison pour toujours améliorer nos pratiques, qu’il s’agisse de faciliter l’accès à notre application mobile ou à notre site web, sans discrimination. D’autant que tous les utilisateurs, avec ou sans handicaps, en bénéficieront.

Dans cet article, découvrez :

  • ce qu’est l’accessibilité numérique ;
  • les enjeux de l’accessibilité numérique ;
  • 6 bonnes pratiques à mettre en œuvre dès maintenant pour renforcer l’accessibilité de votre application mobile ou de votre site web.

 

Accessibilité numérique : de quoi parle-t-on ?

Définition

Selon le Pôle design des services numériques du Gouvernement, DesignGouv, l’accessibilité numérique consiste à rendre les contenus et services numériques (application mobile, site web, progiciel, mobilier urbain numérique…) compréhensibles et utilisables par les personnes en situation de handicap.

Cela comprend un ensemble de pratiques ajustées à chaque type de handicap, concernant notamment :

  • La lisibilité du contenu
  • La simplicité des parcours de navigation
  • La compatibilité du contenu avec les technologies d’assistance

L’objectif est de permettre à chacun de naviguer, comprendre, interagir, créer du contenu, etc., sans difficultés.

Car finalement, n’est-ce pas l’inaccessibilité du service ou du produit qui crée la situation de handicap ?

Le cadre légal RGAA

Pour rendre les sites et services numériques accessibles à tous, la direction interministérielle du numérique a élaboré le Référentiel Général d’Amélioration de l’Accessibilité (RGAA 4).

On peut donc se référer à ses 106 critères et tests pour vérifier la conformité des sites web ou applications mobiles aux exigences d’accessibilité numérique.

Bien que ce cadre soit spécifique aux administrations et aux grandes entreprises, il fournit des lignes directrices utiles à tous les développeurs afin d’améliorer leurs pratiques et optimiser l’accessibilité de leurs productions.

Notion et types de handicap

Pour mieux comprendre la notion d’accessibilité numérique, il est important d’appréhender au préalable celle de « handicap ». On distingue 4 types de handicaps :

  • Handicap moteur : Les personnes en souffrant ont des difficultés à se déplacer, à exécuter des tâches manuelles ou à se mouvoir. Tel Stephen Hawking qui souffrait de la Maladie de Charcot et qui utilisait un logiciel analysant les contractions des muscles d’une de ses joues pour les traduire en paroles.
  • Handicap visuel : Cela concerne les personnes malvoyantes (vision réduite, difficulté de perception si les contrastes sont insuffisants…) ou souffrant de cécité, de cataracte (vision floue), de glaucome, de daltonisme (perception incorrecte des couleurs)…
  • Handicap auditif : Cela concerne les personnes souffrant d’une perte d’ouïe qui les invalide dans la vie quotidienne, ou d’acouphènes (bourdonnements, sifflements…)
  • Handicap ou trouble psychique, mental, cognitif : Cela inclut par exemple, les personnes neuro-atypiques ou autistes, atteintes d’une pathologie psychiatrique (personnes bipolaires, dépressives, schizophrènes, paranoïaques…) ou souffrant de troubles cognitifs (personnes Dys).

Aux spécificités de chacun de ces handicaps et troubles correspondent des réponses concrètes en termes d’accessibilité et de design.

 

Quels enjeux pour l’accessibilité numérique ?

Un monde numérique plus inclusif

  • Une étude publiée en 2023 par la DREES (Direction de la Recherche, des Études, de l’Évaluation et des Statistiques) indique que 7,6 millions de personnes de plus de 15 ans en France (soit 14,1% de la population ou 1 personne sur 7) sont en situation de handicap.
  • 4% de la population serait atteinte de daltonisme ; 7 millions de français souffriraient de troubles DYS ; 1 français sur 4, de troubles auditifs ; et près de 2 millions seraient atteints d’une déficience visuelle (cécité ou malvoyance).
  • Dans le monde entier, un milliard de personnes souffriraient d’un handicap (12% de la population mondiale) ! Sachant que le handicap n’est pas nécessairement visible et qu’une grande partie passe inaperçue.

Ces chiffres montrent bien la nécessité de prendre en compte le handicap dans la mise en œuvre de solutions digitales, pour rendre le monde du numérique plus inclusif.

L’accessibilité bénéficie à tout le monde !

Garantir une bonne accessibilité numérique de nos sites et applications mobiles, cela permet aussi d’élargir le public cible de ces solutions en offrant une expérience utilisateur optimale à tous.

D’ailleurs, Tim Brown*, l’un des pères du Design Thinking, considère qu’observer des « usages extrêmes » constitue une source nécessaire d’inspiration et d’information. Cela permet de révéler des défaillances, des défauts de conception, mais aussi de découvrir des opportunités d’innovations qui, in fine, profiteront au plus grand nombre.

Par exemple, le sous-titrage d’une vidéo est bénéfique aux personnes souffrant d’un handicap auditif, mais aussi à toutes les personnes qui prennent les transports en commun et qui ne souhaitent pas activer le son lorsqu’elles visionnent leurs vidéos. Plus universelle, la télécommande, initialement conçue pour les personnes ne pouvant se déplacer pour changer de chaîne, est aujourd’hui adoptée par chacun d’entre nous.

Faciliter l’utilisation d’une app ou d’un site web pour des personnes souffrant d’un handicap peut donc rendre l’expérience plus agréable à toutes les autres.

Dernière bonne raison, s’il en fallait : Google référence mieux les sites et les app accessibles ! En effet, désormais la qualité de l’UX participe au référencement naturel d’une page web : on parle d’ailleurs de SXO (= SEO + UX).

 

Comment faire ? 6 bonnes pratiques pour renforcer l’accessibilité numérique de votre application mobile ou web

Voici quelques bonnes pratiques à mettre en place dès maintenant pour renforcer l’accessibilité numérique de nos sites / app, et plus largement, adopter une conception universelle et un design plus inclusif :

#1 – Structure claire et cohérente

  • Structure HN (Titres H1, H2, H3…) correctement définie : Cela facilite la compréhension du site ou de l’app, ainsi que la navigation, pour les personnes utilisant des lecteurs d’écran.
  • Éviter les parcours de navigations complexes : Plus que jamais le principe KISS (Keep It Simple Stupid) s’applique. Cela consiste à favoriser la simplicité dans la conception et à bannir toute complexité inutile.
  • La hiérarchisation des titres / sous-titres en termes de polices, corps, graisse, permet de faciliter la lecture par les personnes ayant des déficiences visuelles.
  • Aligner le texte des paragraphes à gauche (pas de justification), raccourcir les phrases, séparer les paragraphes par autant de retours que nécessaire, tout cela facilite la lecture.
  • Veiller à ce que les éléments interactifs (boutons d’appel à l’action par exemple) soient accessibles (notamment faire attention à leur taille) et compréhensibles par les technologies d’assistance pour garantir une navigation accessible.
  • Réduire au maximum les pop ups…

#2 – Description alternative pour les images

  • Remplir la balise Alt des images, icônes ou graphiques fournit aux utilisateurs souffrant de handicaps visuels et utilisant des lecteurs d’écran une description des éléments concernés.

#3 – Couleurs adaptées et contrastes suffisants

  • Choisir des combinaisons de couleurs qui offrent un bon contraste entre le texte et l’arrière-plan afin de faciliter la lecture aux personnes souffrant de déficience visuelle. Des extensions Chrome gratuites permettent de tester le ratio de contraste.
  • Pour les liens, préférer le soulignement à une couleur différente de texte.
  • Pour les graphiques, penser à associer une texture aux couleurs présentes, pour permettre aux personnes ayant des difficultés à percevoir les couleurs de les comprendre.

#4 – Formulation claire des contenus

Les utilisateurs d’app ou de sites souffrant de handicap ont besoin, comme toute autre personne, de s’y retrouver rapidement dans le contenu fourni. Il s’agit donc d’en soigner la lisibilité pour permettre un déchiffrage et une compréhension rapide des informations essentielles :

  • Hiérarchiser et mettre en forme le contenu (titres, intertitres, corps de texte) selon son importance, en variant la taille du corps, la graisse des caractères…
  • Ne pas trop utiliser les majuscules (sauf en début de phrase bien sûr) si ce n’est pas nécessaire car elles peuvent être épelées par certains lecteurs d’écrans.
  • Choisir des polices simples à lire (sans sérif) telles que l’Arial, et une taille de caractère au moins égale à 14 px.
  • Éviter les abréviations, les acronymes qui peuvent être mal compris par les personnes souffrant de déficiences visuelles.
  • Penser à intégrer les sous-titrages dans les vidéos ; un sous-titrage en langue des signes étant le nec plus ultra en matière d’accessibilité qui vous permettra de toucher le plus grand nombre !
  • Soigner la construction des formulaires (indications de remplissage placées en dehors des champs ; remplissage automatique facilité…)

#5 – Test régulier de l’accessibilité

  • Penser à utiliser régulièrement des outils d’évaluation de l’accessibilité.
  • Réaliser des tests auprès d’utilisateurs souffrant de handicaps et prendre en compte leurs commentaires pour toujours améliorer l’expérience utilisateurs.
  • Notamment, pouvez-vous parcourir votre site sans utiliser la souris, en utilisant simplement les touches Tab, Espace, Entrée et Maj ? En effet, la plupart des personnes souffrant de handicaps physiques utilisent uniquement le clavier pour naviguer.

#6 – Formation en continu aux bonnes pratiques d’accessibilité

  • Former et sensibiliser en continu vos équipes (développeurs, concepteurs) est nécessaire pour s’assurer qu’ils comprennent les enjeux et les besoins des utilisateurs souffrant de handicap.
  • Intégrer les principes de l’accessibilité dès le début du processus de conception.

 

L’accessibilité numérique : pour une meilleure expérience utilisateur bénéfique à tous

En résumé, nous pouvons apporter notre contribution et construire un monde numérique plus équitable, plus éthique en intégrant les bonnes pratiques d’accessibilité numérique dès la conception de nos solutions digitales, application mobile ou site web.

Ces bonnes pratiques bénéficieront à tout le monde, personnes souffrant de handicap ou non, en permettant de simplifier la navigation, de clarifier la présentation des informations et en réduisant les frictions.

 

*Tim Brown, référence en matière d’innovation et de design, auteur de “L’Esprit design”

 

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