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Maintien à domicile des personnes en perte d’autonomie : potentiel et défis techniques des solutions connectées

3.Mai.18

Dans le contexte actuel de vieillissement de la population, nombreux sont les acteurs du secteur à s’intéresser aux innovations numériques. En effet, celles-ci permettraient le maintien à domicile le plus longtemps possible des personnes en perte d’autonomie.

Cela répond à une attente formulée par les seniors, mais aussi à une volonté des institutions publiques de réduire les hospitalisations et les remboursements de soin.

Les solutions de téléassistance à la personne répondent à cette problématique : elles permettent de mettre rapidement en relation une personne vivant seule avec un aidant ou un service d’urgence.

Qu’apportent les objets connectés à la téléassistance à cet enjeu de maintien à domicile ?

L’apparition il y a quelques années des objets connectés a permis de repousser les limites de la téléassistance traditionnelle.

Ces dispositifs connectés sont en effet en mesure de :

  • détecter des anomalies (chute, absence de mouvement, changement dans les habitudes de vie ou encore sortie d’un périmètre défini)
  • déclencher automatiquement une alerte en direction d’aidants désignés préalablement (famille, voisins, personnel médical, opérateur de téléassistance).

Ces solutions connectées facilitent le maintien à domicile : elle offrent encore plus d’indépendance aux personnes concernées (principalement les seniors) dans un cadre sécurisant.

La problématique semble facile à énoncer (détection d’une anomalie, déclenchement automatique d’une alerte). Cependant, la variété des usages et des cibles auxquelles s’adressent les solutions connectées de téléassistance rendent leur mise en œuvre complexe.

Elles amènent parfois à relever des défis techniques que les utilisateurs sont loin d’imaginer.

Voyons cela plus en détails.

En matière de téléassistance, que cherche-t-on à détecter ? et quels sont les défis ?

Maintien à domicile et détection de chute (ou d’absence de mouvement)

En France,

  • Les chutes sont à l’origine de 85% des accidents de la vie courante chez les plus de 65 ans ; elles surviennent principalement au domicile.
  • La chute est la première cause de décès par accident de la vie courante chez les plus de 75 ans.
  • Le coût financier des chutes est estimé à 2 milliards d’euros par an pour les collectivités en France. Son calcul est complexe car il inclut de nombreuses composantes, à la fois humaines, hospitalières et médico-économiques.

La chute des seniors est donc un problème de santé publique, : les institutions et les différents acteurs du marché (opérateurs de téléassistance, banques, assurances, opérateurs téléphoniques…) y sont particulièrement sensibles.

Leur détection rapide constitue l’un des enjeux majeurs du maintien à domicile.

Précisons aussi qu’en cas de chute, le temps d’intervention est déterminant pour éviter des complications souvent irréversibles.

En dehors des complications liées à la chute, le risque est aussi que la personne, par peur de retomber, restreigne volontairement ses déplacements. Elle pourrait alors entrer progressivement dans la dépendance (syndrome post-chute).

Qu’appelle-t-on une chute ?

En matière de téléassistance, on distingue 2 types de chute :

  • la chute « lourde » : perte soudaine et rapide d’équilibre suivi d’un fort impact du corps sur le sol engendrant l’incapacité de l’usager à recouvrer la position debout ;
  • la chute « brusque » qui est d’avantage liée à une pathologie (AVC, malaise…).

Comment détecter la chute ?

Pour répondre à cette problématique, des solutions connectées de détection de chute sont apparues. Elles s’appuient sur des bracelets, des montres et autres médaillons connectés.

Le principal intérêt de ces objets est que les personnes peuvent les porter en permanence et qu’ils conviennent à tous les publics.

Ils sont munis de plusieurs capteurs suffisamment sensibles, notamment un accéléromètre 3 axes (c’est-à-dire qui calcule l’accélération linéaire selon 3 axes orthogonaux), associés à des algorithmes qui mesurent les mouvements (et même, les micromouvements).

Correctement paramétrés, ces algorithmes sont capables d’optimiser la détection automatique : ils différencient ainsi une chute de ce qui ne l’est pas (fausses alarmes).

Selon les cas d’usages, le dispositif connecté peut déclencher une alarme sonore, une interaction vocale avec l’aidant ou une alarme muette.

Le déclenchement de cette alerte est évidemment soumis à deux prérequis incontournables :

  • la disponibilité de la connectivité choisie (réseau mobile, connectivité radio, réseau Sigfox…) pour relayer l’alerte et
  • le chargement de la batterie de l’objet connecté.

Privilégier une autonomie élevée

Certains choix technologiques sont dictés par une contrainte importante : l’autonomie.

Il faut choisir de préférence des objets dont l’autonomie et la durée de vie de la batterie sont élevées.

Une trop faible autonomie du produit peut avoir des conséquences financières (nombreuses interventions des services de la téléassistance).

Par ailleurs, pour des raisons évidentes de sécurité, il est important que la pile ne puisse pas être retirée facilement.

Autre point important : il arrive que le détecteur de chute doive être porté sans interruption, à chaque instant de la journée (lever, coucher, douche, etc.). Dans ce cas d’usage, il n’est pas envisageable de devoir enlever le produit pour le recharger.

Par ailleurs, si on doit changer les piles trop fréquemment, cela peut devenir une contraint. Et donc une cause de non utilisation du détecteur.

Pour pallier les situations de batterie déchargée, dans le cas de personnes dépendantes, une solution consiste à paramétrer l’envoi d’une alerte aux aidants (famille, personnel médical en EHPAD par exemple), lorsque le pourcentage de chargement de la batterie passe en dessous d’un seuil prédéfini.

Design moderne et non « stigmatisant » des objets connectés pour le maintien à domicile

Le design prend une place importante dans l’univers des objets connectés de téléassistance.

Au-delà de l’aspect esthétique, il doit s’adapter aux usages et être accepté par le public cible.

Il s’agit donc de travailler sur un design approprié à ce public (taille, poids, esthétique…) pour augmenter son acceptabilité. Il faut aussi prendre en  compte les contraintes liées à la résistance, l’étanchéité, etc.

Potentiels et limites des solutions connectées de téléassistance

Vous l’aurez compris, ces solutions connectées sont particulièrement intéressantes pour favoriser le maintien à domicile des personnes fragilisées.

En effet, dans de très nombreux cas, elles retardent l’entrée en dépendance.

Il est à noter cependant, que pour faciliter l’appropriation de ces solutions par leurs utilisateurs, il est incontournable de prendre en compte :

  • L’aspect esthétique : l’objet ne doit être ni stigmatisant ni anxiogène, et rester discret…
  • Le degré d’autonomie de la personne : par exemple, pensera-t-elle à mettre la montre à charger tous les soirs ?
  • L’évolutivité de l’objet connecté pour pouvoir répondre à différents besoins ultérieurs sans nécessiter le changement d’objet.
  • Sa compatibilité avec d’autres objets connectés : par exemple, il peut y avoir des interférences entre plusieurs objets qui utilisent tous de courtes fréquences.

Enfin, quelles que soient les technologies utilisées, il est important de garder en tête les limites des solutions mises en œuvre : perte de réseau mobile, perte ou oubli de l’objet connecté, déchargement de sa batterie, etc.

Cela permettra d’éviter de se retrouver dans la situation de cet EHPAD qui a mis en place un dispositif de Geofencing s’appuyant sur des montres connectées pour ses patients atteints d’Alzheimer : l’un d’entre eux sort du périmètre défini pour aller au café… et perd sa montre en route (il se la fait voler ou l’enlève pour une raison inconnue).

L’histoire, rassurez-vous, se termine bien pour le patient : l’alerte est bien parvenue aux aidants. La montre, elle, a disparu…

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