Il y a quelques jours, à l’occasion de la semaine de la QVT, nous avons visité « Les Nouvelles Fermes » : c’est l’une des plus grandes fermes d’aquaponie en Europe (un demi hectare) et elle est située à deux pas de nos bureaux à Mérignac.
Qu’est-ce que l’aquaponie ?
C’est un mot-valise, contraction de « Aquaculture » et « Hydroponie ».
Il s’agit d’une méthode de culture connue depuis très longtemps, puisqu’on en trouve des traces chez les aztèques et même chez les égyptiens… mais aussi dans les rizières en Chine !
Aujourd’hui, cette méthode s’appuie bien sûr sur des techniques modernes.
Comment ça marche ?
L’aquaponie consiste à cultiver des plantes et des poissons dans un même système fermé, circulaire et vertueux :
- Les poissons sont placés dans des bassins recréant les conditions de vie dans une rivière ; et les plantes sont cultivées sans terre, leurs racines trempant dans des piscines hors-sol.
- Les déjections des poissons, riches en azote et nutriments, constituent un engrais naturel qui est acheminé vers le bassin des plantes pour les nourrir ; et l’eau, purifiée par les plantes, retourne propre dans le bassin des poissons.
- Le circuit de l’eau est activé par cinq pompes ; l’eau met 5 h pour revenir à son point de départ, où elle est oxygénée en passant au travers d’une cascade avant de repartir. 100 m3 d’eau sont ainsi échangés entre les poissons et les plantes.
À Mérignac, ce sont 4 000 truites arc-en-ciel qui subviennent à 90 % des besoins des plantes ; les 10 % restant sont biosourcés et rajoutés dans le système.
Une serre « chapelle » qui s’autorégule !
L’immense serre bio climatique qui abrite les différents bassins est conçue selon une technologie française : elle est constituée de deux couches gonflées, de l’air étant emprisonné entre elles.
La serre d’aquaponie est vivante : elle s’autorégule. Des grenouilles, des coccinelles, des lézards y sont naturellement apparus, s’attaquant aux prédateurs et ravageurs des plantes.
Un dispositif ingénieux
Dans les bassins, les plantes sont installées, racines immergées, dans des sortes de « radeaux » qui flottent sur l’eau. Ceux-ci sont ordonnancés par ordre chronologique de mûrissement. Lorsqu’on retire un radeau pour une cueillette, cela laisse de la place au début de la file pour un nouveau radeau de plantes. On sème donc en début de file et on récolte en bout de chaîne.
Une marée se forme plusieurs fois par jour comme au bord de la mer, faisant varier le niveau d’eau dans les bacs de culture et dans le bassin des poissons. Cela permet notamment d’aérer les racines des plantes qui ne prélèvent ainsi que les éléments nutritifs dont elles ont besoin.
20 000 semis sortent ainsi chaque semaine de la serre.
Que peut-on cultiver dans une ferme d’aquaponie ?
On peut pratiquement tout faire pousser de cette façon. Aujourd’hui, chez Les Nouvelles Fermes, ce sont essentiellement des légumes feuillus (salade, blette, épinards, mâche…), des fruits (tomates, melons…), des plantes aromatiques (ciboulette, persil, coriandre, basilic…), des fleurs comestibles.
Les produits ayant atteint leur maturité sont récoltés avec leurs racines et vendus aux supermarchés locaux ou aux restaurateurs de la métropole bordelaise, afin de limiter la durée entre la récolte et la consommation. Fraîcheur et qualité gustative des produits font de la restauration gastronomique un bon client des Nouvelles Fermes.
Enfin, une « pouponnière » a été mise en place permettant de tester différents types de graines. En effet, un nécessaire travail de R&D est fourni en continu pour améliorer la productivité et limiter les pertes de produits. Il faut savoir qu’en aquaponie comme en agriculture bio, on prévoit toujours des pertes en raison du non-emploi de pesticides chimiques, ce qui justifie que les coûts des produits soient un peu plus élevés que ceux des produits issus de l’agriculture traditionnelle.
Quelques chiffres qui en disent long…
L’aquaponie utilise :
- 10 fois moins d’eau que l’agriculture classique,
- 5 fois moins d’énergie,
et nécessite moins d’emprise au sol.
La ferme de Mérignac prévoit de produire 60 tonnes de produits frais et 12 tonnes de truites arc-en-ciel par an, sans engrais de synthèse, ni antibiotique ! Elle subvient actuellement à 1 % des besoins en salade de Bordeaux Métropole et à 4 % de ses besoins en truites.
Si sa production est 100 % naturelle, cette méthode de culture durable ne peut pourtant pas se dire « bio » car ce label ne s’applique pas encore à une production réalisée hors-sol. Pourtant l’aquaponie apporte une réponse évidente aux enjeux écologiques d’aujourd’hui, l’agriculture étant le deuxième secteur le plus polluant après l’aviation !
L’histoire de l’entreprise
Les Nouvelles Fermes ont été créées en 2019 par cinq cofondateurs. Une première expérimentation a été menée à Lormont sur 1000 m². Le savoir accumulé à cette occasion a permis de mettre en œuvre la ferme de Mérignac, cinq fois plus grande.
Comme personne n’avait fait cela avant, ces cinq courageux fondateurs ont tout fait par eux-mêmes en quatre mois… Et ils ont tout appris « sur le tas » !
Aujourd’hui, Les nouvelles Fermes emploient 30 collaborateurs et continuent de recruter.
Et maintenant, si vous goûtiez ?
Vous aussi vous trouvez que vos tomates ont goût de flotte ? La raison, c’est parce que plus de 1000 km en moyenne séparent les pieds de tomates de votre bouche. Entre temps, elles sont passées par le frigo des distributeurs, alors qu’elles n’étaient même pas arrivées à maturité !
L’aquaponie propose de remettre du goût dans votre assiette… Et ceci, sans abîmer la planète et pour le plus grand bien de notre santé. Hippocrate, dans sa grande sagesse, le disait déjà il y a sept siècles : « Que ton aliment soit ta meilleure médecine ! »
Alors, pour reprendre le slogan des Nouvelles Fermes et pour vous prouver qu’on ne vous raconte pas de salades, le mieux… c’est de goûter, non ? Pour cela, trois solutions :
- Venez sur place pour déjeuner sur la petite terrasse que Les Nouvelles Fermes ont aménagée devant leur bâtiment : une jolie pause gourmande vous attend, au frais sous les arbres.
- Commandez votre panier de saison sur le site : https://www.lesnouvellesfermes.com/
- Visitez la ferme, comme nous, et vous aurez droit à une dégustation !
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